Dimanche 28 novembre 2021, 8 heures du matin, -3 degrés Celsius. Nous devions être trois pour une exploration en terre inconnue. Mais la composante féminine ayant préféré suivre un groupe de rock, et plus particulièrement son bassiste de mari accessoirement vice-président du club, dans ses tournées nocturnes, il lui était compliqué de nous retrouver en forme pour cette plongée en condition hivernale. Nous partîmes donc deux.
Franchissant le col Bayard, où la température est encore descendue, nous quittons les Hautes-Alpes pour arriver en Isère, destination de notre bus V1, qui, heureusement pour nous, est équipé pour la neige. Car plus nous nous rapprochons de le « plage », plus la chute de neige s’intensifie. Lorsque nous arrivons à l’embranchement du chemin, le terrain est vierge de toute trace. La question qui se pose alors est : arriverons-nous à ressortir le véhicule de cet endroit ? Fort de notre insouciance, nous tentons le coup, et nous arrivons sur un parking des plus accueillant, juste recouvert d’une « petite » couche de neige. Nous dérangeons un héron qui avait décidé de passer l’hiver ici, pensant qu’aucun humain ne viendrait durant cette période. Nous visitons les lieux, en évitant de glisser, car notre chute se finirait dans un lac dont nous ne connaissons pas encore la température, mais vu son nom, nous nous doutons qu’il ne doit pas battre des records de température. Laffray, en plein mois de novembre, et sous la neige. Je ne comprends pas pourquoi Patrice ne met pas plus cette destination en avant. Bref, nous y sommes et nous allons y plonger. Durant le trajet, un petit brief sur la plongée en eau froide s’imposait. Christophe découvre le même jour, l’équipement dans la tempête de neige, en extérieur, l’eau froide et la visibilité en eau noire. Et tout ça avec le sourire. Car il a décidé de plonger en semi-étanche. Pour ma part, j’officie en tenue plus conventionnelle vue les latitudes, l’altitude, et pour un dimanche, j’ai sorti mon aube étanche. Les mains ont un peu du mal à s’habituer et aimeraient certainement être dans des gants secs et chauds. Nous nous mettons à l’eau, et rejoignons en surface une bouée. Nous profitons du paysage, tout est blanc et noir. La neige habille l’extérieur. Quant à l’eau, disons qu’elle est fraiche. Puis l’immersion, nous nous retrouvons dans une ambiance un peu bizarre, pas de visibilité, l’eau est un peu verte, la descente se passe sans encombre, vers 17 mètres le fond se dévoile, vaseux, normal me direz vous vu le jour, l’heure et la météo. Nous commençons l’exploration. Sur 21 mètres nous arrivons dans la banlieue, des habitants tous armés sont surpris de voir arriver de gros poissons qui font des bulles. Un HLM à écrevisses, pas farouches. Avec nos phares, nous leur en mettons un peu plein les yeux. Nous continuons notre descente pour atteindre 29 mètres. Il n’y a rien, mais alors rien, si ce n’est de la vase à perte d’éclairage. Les changements de couleur « égaillent » un peu l’ambiance. Christophe décide de faire connaissance avec le milieu et plonge une main, qu’il retire aussitôt vu la profondeur à laquelle il enfonce son gant. Nous grenouillons un moment puis décidons de faire demi-tour. Mon compas a décidé qu’il ne serait pas en forme. Nous avons beau acheter du matériel suédois, il s’habitue trop à plonger dans des eaux chaudes, et quand il se trouve dans une eau à 7 degrés, il boude. Et vu qu’il n’y a aucun repaire, l’orientation est « costaude ». Je demande à Christophe de prendre le relais, mais il me fait comprendre que pour lui tout est cool et que les paliers se rapprochant à grand coup de palmes, il est bien. Deux ou trois belles perches viennent renforcer cette sensation. Nous assistons également au repas d’écrevisses qui se régalent de moules. Quelques instants plus tard, toujours à 29 mètres, il me fait le signe qui devait arriver, j’ai froid. OK. Malgré un compas en mode relâche dominicale, nous retrouvons le tombant et donc le retour vers la berge. Sortis de l’eau sans encombre, nous regagnons le ponton. L’échelle de sortie fut dessinée par un designer qui a appris à faire du beau, mais pas du pratique. Donc un peu de gymnastique avec les blocs sur le dos sur un sol enneigé et glissant. Pas de bobo. Le déséquipement avec mains gelées est aussi une compétence que nous devrions développer en piscine afin de voir si on peut faire quelque chose avec la bouche pour dégréer. Nous affichons un large sourire preuve, s’il en fallait, que seul le voyage est important. La tempête s’est un peu calmée. Il neige toujours. Le rangement se fait un peu en mode « vite on se casse », pour retrouver la chaleur du moteur qui hésite à démarrer. Avec un peu d’élan, nous retrouvons la nationale et une impression de normalité. La tête un peu refroidit, et après un quart d’heure de route, nous nous rendons compte que nous avons oublié une paire de palmes dans la neige. Donc demi-tour, nous retrouvons le lieu, re chemin enneigé avec l’éternelle question en ressortirons nous ? Si vous lisez ces lignes, c’est que nous avons retrouvé le club, le matériel rincé, avec de la neige plein nos sacs.
Bilan, nous sommes déçus, car aucun givrage de détendeur ne fut à déplorer. Nous en avons déduit qu’il nous fallait trouver un lieu encore plus extrême. Sinon le site en lui-même est très bien équipé, félicitons l’ensemble des acteurs de ces aménagements. Christophe se met en chasse d’une combinaison étanche. Bravo à lui pour avoir supporté ces conditions.
Patrick, organisateur de plongées exotiques